Camille Doucet (1812 – 1895), pète, dramaturge

1st image: Soirée; 2nd: gravure (1866) après photo Frank (c.1855); 3rd: atelier Nadar (1866); 4th: caricature par Nadar (1851).

Poète et auteur de comédies, Camille Doucet est représenté en conversation avec Regnault50a (ou Liszt50b), qui semble ne pas l’écouter. Le caricaturiste résident Giraud11 n’avait pas inclus Doucet dans sa collection, mais l’artiste, écrivain et photographe Nadar réalisa son portrait caricatural vers l’époque où Doucet fréquentait les vendredi-soirées.

Surnommé Camomille, il était l’homme le plus aimable, modeste, doux et sincère du tableau. D’une exquise délicatesse, dépourvu de toute vanité ou jalousie, il avait une épouse et une fille attentionnées, qui jouèrent un rôle clé dans l’organisation de son salon et de sa vie sociale. Il n’avait ni ennemis ni maîtresses. Même Viel-Castel43 ne trouva rien à lui reprocher.

theatre l’Odeon (1867)
theatre l’Odeon (1867)

Par sa présence, il anima plusieurs vendredi-soirées, où l’on joua probablement des extraits de sa pièce préférée, Les ennemis de la maison, créée le 6 décembre 1850 au théâtre de l’Odéon et reprise en décembre 1854. Même l’empereur et l’impératrice, habituellement amateurs de pièces plus sérieuses, assistèrent à ses représentations.
Ses œuvres apportaient une touche de légèreté en contraste avec les drames tragiques joués par la célèbre tragédienne Rachel Félix81.

Né fils d’un avocat à la cour royale, il étudia le droit avant de se tourner vers sa véritable vocation : l’écriture de comédies et de vaudevilles. Ses pièces étaient vives, innovantes et modernes, se démarquant des comédies classiques inspirées du XVIIe et XVIIIe siècle, notamment de Molière et Regnard. Son théâtre attira un large public et transforma souvent les représentations en événements festifs. Vénéré par ses acteurs, il les soutint dans leur carrière, notamment Sarah Bernhardt à ses débuts.

Outre son talent artistique, il occupa le poste d’administrateur du Département des Théâtres. En janvier 1853, Doucet devint chef de ce département sous le ministère de Fould17, à égalité avec de Mercey22, directeur des Beaux-Arts, et de Nieuwerkerke16, directeur des Musées.
Il consacra son mandat à la suppression progressive de la censure instaurée après le coup d’État de 1851. Grâce à sa ténacité et son autorité, la liberté théâtrale devint possible dans les années 1860.

En 1867, il permit le retour des cafés-concerts, avec costumes et déguisements, autorisant les représentations théâtrales et les interludes acrobatiques. Cela facilita l’inauguration des Folies Bergère en septembre 1872.
Élu membre de l’Académie française en 1865, il en devint le secrétaire perpétuel en 1876.

Atteint de rhumatismes et entièrement dédié à son travail, il résida principalement au pavillon de l’Académie plutôt qu’à son domicile à peine chauffé, où son épouse se plaignait que « les sauces gelaient » sur les assiettes en hiver.
Peu après avoir achevé le Rapport annuel de l’Académie, il s’éteignit dans son sommeil à l’Académie en avril 1895.