Eugène Delacroix (1798-1863), peintre romantique
1reimage: Soirée; 2e: Gravure par Gigoux (1864); 3e: Auto portrait (1837); 4e: caricature par Eugène Giraud dessiné au 1850s lors d'une soirée à de Nieuwerkerke; 5e: caricature drawn par Giraud in 1856.
Aux côtés d’Ingres39 et de Schefferr41a, Eugène Delacroix est considéré comme l’un des plus grands peintres romantiques français. Invité régulier aux vendredi-soirées de de Nieuwerkerke de juin 1850 jusqu’à sa mort en 1863, il fut le seul à être caricaturé deux fois par Giraud11. Dans la seconde caricature, Giraud représenta Delacroix portant la cravate rouge (collier) de Commandeur de la Légion d’Honneur, une distinction qu’il reçut le 14 novembre 1855.
Né en avril 1798, la filiation de Delacroix a longtemps fait l’objet de spéculations. Au moment présumé de sa conception, son père souffrait d’une tumeur de 14 kg sur l’un de ses testicules, rendant une procréation apparemment impossible. La tumeur fut retirée fin septembre 1797. Certains avancent que Delacroix serait le fils du politicien influent Talleyrand, mais étant donné sa forte ressemblance avec son frère Charles, son père—ancien ministre français en République batave—aurait pu être encore en mesure d’avoir des enfants.
Delacroix arriva à Paris en 1815 pour étudier sous la direction de Guérin, où il se lie d'amitié avec peintres Henri et Ary Scheffer41a. L’année suivante, il intégra l’École des Beaux-Arts et développa une profonde admiration pour les œuvres de David. Comme Scheffer, ses premières peintures représentaient des scènes classiques inspirées de Dante, avant qu’il ne se tourne vers des sujets révolutionnaires en 1830.
Au début de l’année 1832, Delacroix entreprit un voyage de six mois au Maroc aux côtés du l'ambassadeur, comte de Mornay, une expérience qui influença profondément son art (Mornay a d'abord pensé à Eugène Isabey75, mais il y était déjà allé et avait refusé). Ce périple lui inspira une série de peintures et d’aquarelles illustrant la société nord-africaine, caractérisées par des couleurs vibrantes et des compositions dynamiques. Ses œuvres sont souvent marquées par des scènes de grande violence et des émotions puissantes.
En 1831, l’amateur d’art originaire de Liège —et futur conservateur du Louvre— Frédéric Villot72 acquit L'Assassinat de l'évêque de Liège (1829) de Delacroix. Ce fut le début d’une amitié intime entre les deux hommes. Villot enrichit sa collection de nombreuses œuvres du peintre, et en 1832 Delacroix réalisa un portrait de Villot. Bien que les journaux de Delacroix présentent une lacune entre 1832 et 1840, ses esquisses témoignent de l’affection réciproque entre lui et Pauline, l’épouse de Villot. Les carnets de Delacroix contiennent plus d’une centaine de références à Villot, davantage qu’à tout autre ami, et relatent les nombreux moments agréables et dîners passés en compagnie de Villot et/ou de sa femme.
En dessinant un portrait de George Sand en 1842, Delacroix rencontra Frédéric Chopin, avec qui il noua une amitié durable. En tant qu’artiste extraverti, Delacroix—aux côtés du plus réservé Scheffer—fut l’un des rares peintres à avoir eu le privilège de représenter ce compositeur notoirement introverti.
L'écrivain Charles Baudelaire considérait Delacroix comme « sans conteste le peintre le plus original » de cette époque, bien que son jugement ait pu être influencé par le fait que tous deux, avec d'autres comme Alexandre Dumas et Théophile Gautier, étaient des membres importants du « Club des Hashichins » parisien.
À la demande de de Nieuwerkerke, Delacroix présenta une rétrospective au Salon de 1855, exposant trente-cinq œuvres. Parmi elles figurait sa composition de 1854 (il a fait plusieurs versions), La Chasse au Lion, probablement inspirée par la conférence donnée cette année-là par le capitaine Gérard32, surnommé le tueur de lions.
